La rivière souterraine de Gournier : quelques brassées jusqu'à la salle Chevalier - Spéléologie et Explorations Souterraines en France

Deux jours après notre descente au gouffre Berger, soit le 25 juillet, nous décidons d'aller visiter la magnifique rivière souterraine de Gournier. Pas de grosse explo de prévue, une simple balade jusqu'à la salle Chevalier. 

Nous partons sur le coup de midi, pour que l'équipe qui a passé 27 h sous terre puisse faire la grasse matinée... pour eux, il n'y a même pas 24 h entre le Berger et Gournier... respect !

Description de la cavité : La grotte de Gournier est la résurgence pérenne de la rivière souterraine du plateau de Presles, dans le département de l'Isère. Cette rivière est connue pour être magnifique, mais également pour subir des crues violentes en cas de pluie. Les explorations ont donc débuté par la résurgence en remontant la rivière. Aujourd'hui, le terminus des explorations est à + 680 m, mais la surface du plateau n'a toujours pas été atteinte. Il n'y a donc pas de gouffre qui permet, à l'heure actuelle, d'atteindre la rivière. Il faut obligatoirement passer par l'aval, remonter le courant et les cascades.

Seconde partie de la Très Grande Topo du Spéléo Magazine n°35 (Caillault et al., 2010)

La grotte de Gournier est située juste à côté de la grotte touristique de Choranche, les visiteurs nous voient donc défiler, devant l'entrée, avec tout notre attirail, ce qui ne manque pas de les amuser. Nous arrivons en une dizaine de minutes devant l'entrée de la grotte. 

Il s'agit d'un large porche dans la falaise avec, à l'entrée, un profond lac. Il n'est pas permis de se mouiller si tôt, les combinaisons néoprène doivent être enfilées bien plus loin, à la fin du réseau fossile. Nous avons donc apporté un canot pneumatique. C'est Sylvain qui part en premier ! Par la suite, nous monterons deux par deux dans le canot. 

Pour les touristes c'est l'attraction, on se fait prendre en photo comme jamais ! Dommage que nous n'ayons pas pu récupérer les clichés !

Le capitaine sur son navire

Anecdote : Quand Sylvain arriva sur la rive opposée du lac, il oublia d'attacher le canot et commença à équiper l'escalade de 4 m. Quand il s'aperçut que le canot lui faussait compagnie, il dut se mettre entièrement à l'eau pour le récupérer... Triste histoire pour lui, mais très amusante pour nous !

Sylvain équipe le ressaut de 4 mètres, ainsi que la vire de la Méduse, pour accéder au réseau fossile supérieur.

De l'autre côté du lac d'entrée, on délaisse la rivière pour s'élever par une escalade et une vire

La suite est facile et l'orientation y est très simple. Il suffit de suivre les successions de grandes salles et de galeries. 

Réseau des Deux Jeans

Grand volume du réseau des Deux Jeans avec 3 lampes à pleine puissance pour l'éclairage

Tout est magnifique, le sol est jonché de gours pleins d'une eau translucide. Il y a des coulées de calcites bien blanches partout. Malgré la fréquentation importante, la cavité est bien préservé.

Nous approchons de la salle des Fontaines

Brusquement, la galerie se finit sur une énorme trémie. Il suffit de passer un petit ressaut (corde en fixe) et de s'élever entre les blocs pour retrouver la galerie. Nous sommes au-dessus de la trémie. Nous arrivons dans ce que nous supposons être la Salle à Manger. Nous y trouvons l'entonnoir d'accès à la rivière.

Petit rappel : Au départ, nous avons quitté la rivière pour nous élever dans le réseau fossile. Mais la rivière est toujours là, quelques mètres en dessous. Il existe 4 passages qui permettent de quitter le fossile pour rejoindre le collecteur (l'actif). Nous, nous allons prendre l'accès le plus commun : le second, qui se trouve au bout de la Salle à Manger.

C'est dans cette salle que nous enfilons nos néoprènes. Nous descendons l'entonnoir d'accès à la rivière, d'une dizaine de mètres de dénivelé. Il peut se faire sans matériel. Plus de photos à partir d'ici, l'Iphone 5S n'aime pas vraiment les rivières souterraines... et c'est bien dommage !

La rivière, qui n'est pas terrible sur les premiers mètres, devient rapidement splendide. C'est sûrement la plus belle rivière souterraine qu'il m'ait été donné de voir. Je vous laisse plutôt admirer le film qui suit, réalisé par Sylvain L.

Nous remontons la rivière en jouant avec elle. Bassins profonds, cascades, sauts ... nous profitons au maximum ! Nous avons même un cri de guerre, et nos petites chansons, pour réveiller les esprits des cavernes. 

Vidéo de notre sortie dans la grotte de Gournier. Crédits : Sylvain L et Arthur Perrin

Nous remontants la cascade de 12 mètres, équipée en barreaux inox, quelques autres ressauts et nous arrivons au point bas de ce que nous croyons être la salle Chevalier. Mais le doute subsiste... elle semble plus petite que ce qu'on nous avait décrit.. nous hésitons... sommes-nous au grand Chaos ou au point bas de la salle Chevalier ?  Les avis sont partagés. Nous faisons demi-tour en deux équipes, ceux qui veulent retirer leur néop à la Salle à Manger et les Bourrins (dont je fais partie haha) qui garderont la néop jusqu'à la sortie pour plonger dans le lac d'entrée ! Nous amuserons encore davantage les touristes avec nos sauts dans le lac, je prends même la pose sur certaines photos avec le casque dans l'eau pour éclairer le lac !

Nous ressortons tous vers 17 heures. 

Temps sous terre : 5 h 00

Une rivière absolument sublime où il faudra retourner après la salle Chevalier et l'ex-siphon 1 sur une sortie d'une douzaine d'heures !

Bibliographie : 

Caillaut, S., et Lismonde, B., 2010. "TGT (Très Grande Topo) : Gournier, le plus beau canyon souterrain d'Europe", Spéléo Magazine n°35, 2010.