Aven du Sans Pascal (- 316 m) à Gourdon - Spéléologie et Explorations Souterraines en France

L'aven du Sans Pascal est une cavité majeure du plateau de Cavillore  situé au-dessus du village de Gourdon dans les Alpes-Maritimes. Cette cavité se positionne comme extrême amont du système karstique du plateau de Cavillore. Pour rappel, son fonctionnement supposé est organisé en une surface d'absorption d'eau, représentée par le plateau de Cavillore, dans lequel s'ouvrent les cavités majeures que sont l'aven du Sans Pascal et l'aven du recherché) et résurgent aux grottes du Revest et des Caranques. 

L'aven du Sans Pascal présente une profondeur maximale de 316 mètres, pour un développement de 1978 mètres. La cavité est toujours en cours d'exploration et est donc équipée en fixe. Elle se finit sur un siphon, prenant la forme d'un laminoir noyé. A - 258 mètres, au bas du puits du Chameau, il est possible de visiter des galeries fossiles appelées "Auphan".

Carte topographique du plateau de Cavillore et des cavités s'y ouvrant. En pointillés, le trajet supposé de l'eau.

Première partie de la topographie de l'aven du Sans-Pascal. Celle-ci n'est pas complète. Une autre topographie (soumise à droits d'auteur) est publiée dans l'atlas des Grandes cavités et classiques des Préalpes d'azur

Le samedi 8 mai, nous partons à deux visiter cette superbe cavité, avec pour objectif d'atteindre le siphon aval à - 316 mètres, puis de se balader un peu dans les galeries Auphan. Nous nous mettons comme contrainte de devoir être remontés en surface avant 17 heures pour pouvoir être chez soi avant le couvre feu de 19 heures. 

Après la marche d'approche d'une demi-heure pour monter au sommet du plateau, nous trouvons facilement la cavité, qui est protégée par une entrée maçonnée et une trappe (sans cadenas). J'équipe le premier puits et je commence à descendre, suivi de prêt par mon coéquipier. 

Entrée de l'aven du Sans Pascal

Puits d'entrée

Comme prévu, tout est équipé en fixe. Les cordes sont en bon état (en 2021) et l'équipement est simple d'utilisation. Il convient de rester vigilant sur l'état d'oxydation des maillons acier. On voit que l'équipement est vieillissant mais reste utilisable, pour le moment.

Il y a quelques puits notables qui ont un bel aspect : Le P30, le puits Yahoo (P17) et les deux P12 qui lui succèdent. Il y a trois vires à passer dont la première qui est aérienne (à mi-hauteur dans un puits d'une vingtaine de mètres)

Une vire courte en trois sections, mais aérienne, se trouve à la cote - 100 mètres

Nous arrivons très rapidement au premier passage célèbre de la cavité : la Tartinette, nommé ainsi car il s'agit d'un boyau rempli de boue liquide. Au final sa réputation est très exagérée, ou plus d'actualité, nous le traversons, sans aucune difficulté et sans salir le matériel. Nous atteignons en moins d'une heure le Camp, à - 210 mètres (point bas de la topo que je vous présente dans cet article). Ce point a nécessité un très gros travail de désobstruction pour être franchi. Un grand bravo aux explorateurs ! 

Suite à cela, nous atteignons le puits du Chameau. Il y a ici deux itinéraires possibles : soit penduler à mi-puits pour atteindre une galerie et le départ d'un P27 qui permettent d'aller vers l'aval, soit de descendre au fond du puits du Chameau pour prendre pied dans le départ des galeries Auphan. Nous commençons par prendre la direction du fond. 

Galerie précédant la salle du Crétacé à - 240 mètres

L'accès à la rivière du Sans Pascal se fait au point bas de la salle du Crétacé, en paroi de droite. Pour s'y rendre sans risque, il faut chercher un ressaut facile en paroi de gauche de la salle et qui permet de se faufiler sous un gros bloc et d'atteindre la paroi de droite sans avoir à faire de désescalades compliquées. 

On trouve ainsi la rivière, après un ressaut. Le débit y est très faible, il s'agit d'un ruisseau. Il faut le suivre uniquement pendant quelques dizaines de mètres avant de bifurquer, à gauche, dans un méandre peu large. Après quelques mètres, on retrouve l'eau, sous nos pieds, qu'il ne faut pas suivre. Il faut s'élever dans le méandre pour atteindre une partie supérieure plus évidente. Nous trouvons, après quelques dizaines de mètres, une nouvelle salle. 

En désescaladant un talus, nous retrouvons la rivière. Encore une fois, il ne faut pas la suivre car celle-ci évolue dans des méandres, cascades, et étroitures impénétrables. Il faut suivre une succession de volumes, galeries sèches et ressauts pour la retrouver, un peu plus loin. 

Enfin nous retrouvons une rivière, calmée, qui en a fini avec les cascades et les méandres impénétrables

Nous suivons la rivière jusqu'à finalement buter sur un siphon, non plongé, prenant la forme d'un laminoir noyé, à la cote - 316 mètres. Nous avons mis 2 h 30 pour arriver jusqu'ici. 

Nous entamons la remontée après quelques photos. Je décide cependant de tenter de suivre la rivière par le chemin que la topographie ne recommande PAS ! C'est-à-dire qu'au lieu de suivre l'itinéraire que je vous décris ici, je vais tenter de forcer et de suivra la rivière sans la quitter... 

Au moins ça fait de jolies photos !

Je laisse vite tomber cette idée ... déjà une étroiture impénétrable me bloque, un peu plus loin c'est un bassin où il faut sérieusement se mouiller, et finalement une escalade d'une cascade, glissante à faire, qui me fait renoncer. Si on se fie à la topo, ça passe sauf pour l'étroiture que je mentionne. 

Nous mangeons et entamons la remontée. Arrivés au puits du Chameau, nous nous séparons. Mon coéquipier décide de remonter et me propose de partir explorer en solo les galeries Auphan, dans un délai fixé à une heure. Je descends donc le P7, au bas du puits du Chameau, et je prends pied dans la magnifique première galerie. Il faut suivre le balisage en place afin de préserver ces merveilles naturelles. 

Ici aussi, les cordes sont en place et je peux profiter de la balade. Je m'arrête devant la Super Tartinette, second passage très célèbre de cette cavité. 

Galeries Auphan

Je remonte donc la multitude de puits, sans rattraper mon partenaire. J'arrive en surface aux alentours de 16 h 30. Pari réussi, nous avons exploré tout ce que nous voulions et nous sommes à l'heure pour le couvre-feu. Nous buvons un soda, en profitant de la vue depuis le Col de Cavillore pour fêter ça. 

Temps sous terre : 8 h 30

Cette cavité, bien que boueuse, est vraiment une cavité sportive intéressante. L'équipement en fixe simplifie énormément sa visite et je remercie le club Martel de Nice pour ce travail.