Traversée du Réseau de Francheville : Rochotte - Combe aux Prêtres - Spéléologie et Explorations Souterraines en France

Profitant du lundi 15 avril férié, Leny et moi décidons de nous attaquer au célèbre réseau de Francheville en Côte-d'Or ! Nous voulons effectuer la traversée du réseau entre le gouffre de la Rochotte, et le gouffre de la Combe aux Prêtres ! Cette traversée est une grande classique et est réputée comme sportive, variée, et surtout très belle. 

Description de la cavité : 

Le réseau de Francheville est la 17 ème plus longue cavité naturelle de France avec plus de 28 530 m de développement et une profondeur de - 170 m. Il est situé sur la commune de Francheville dans le département de la Côte-d'Or. Le réseau est accessible via 4 entrées : Les gouffres du Soucy, de la Combe aux Prêtres, de la Rochotte, et de Nonceuil.  Le réseau contient 67 siphons et la quasi intégralité de son développement n'est pas accessible aux non plongeurs.  

Seuls les gouffres de la Combe aux Prêtres et de la Rochotte permettent aux non plongeurs de visiter quelques galeries non noyées du réseau. De plus, une traversée est possible entre ces deux gouffres sans avoir besoin de franchir de siphon. 

Leny et moi avons donc pour objectif de réaliser cette traversée en partant de la Rochotte et en ressortant par la Combe aux Prêtres. Nous équiperons et déséquiperons les deux entrées. 

Topographie de la partie du réseau visitée lors de la traversée. Le trajet en rose correspond à notre itinéraire. Il comprend cependant une erreur au départ (explications dans les paragraphes suivant). Pour l'agrandir : Clic droit + Ouvrir dans un nouvel onglet

Après un départ un peu retardé de Nancy pour cause d'oubli de matos, nous arrivons sur le parking de la Combe à 10h30. L'entrée est évidente et notre voiture doit être située à moins de 2 m du puits d'entrée. En terme de marche d'approche, nous pouvons dire que c'est acceptable !

Entrée de la Combe aux prêtres

C'est cette entrée qui nous servira de sortie à la fin de la traversée. Du coup vu que celle-ci est composée de plusieurs puits, nous devons l'équiper au préalable. Je descends donc en premier, suivi de Leny qui souhaite apprendre les bases de l'équipement et donc observera mes gestes pour, dans un premier temps, comprendre la logique du "truc".

Vire

Après un premier petit puits de 6 m et une vire, nous arrivons au sommet d'un beau puits d'une vingtaine de mètres. Le début est toujours de taille modeste, à l'image de la galerie précédente, mais au niveau du premier fractio, il s'élargit d'un coup et la descente dans le vide devient agréable. 

Départ du P20

A partir du premier, et unique, fractio, je jette la corde et vérifie visuellement qu'elle touche bien le fond du puits. J'entame donc la remontée. Je ressors à environ 11h40. Nous avons donc mis 50 minutes pour équiper cette entrée. 

Nous nous dirigeons ensuite vers le gouffre de la Rochotte pour commencer la traversée ! 

gouffre de la Rochotte

Cette entrée est bien plus verticale et technique que l'autre. Elle se compose de plusieurs puits de 16, 8, 51 et 14 mètres. 

J'entame donc la descente en premier vu qu'il faut équiper. Les deux premiers puits n'ont rien de particulier et Leny me suit avec facilité. C'est une fois arrivé au sommet du magnifique P51 que la cavité devient imposante ! En équipant le départ du puits nous sentons le frisson du vide parcourir nos corps ! 

Le vide nous appelle !

J’équipe un beau Y entre les deux parois du puits, le départ se fera donc plein vide à quelques mètres de toute margelle. Je regarde Leny qui semble un peu hésitant, puis je démarre la descente. Moment jouissif ! La descente des grandes verticales est toujours saisissante !

Un fractio plein vide coupe le puits à mi hauteur. A ce niveau le puits s'élargit d'un coup et doit faire un peu plus d'une dizaine de mètres de large. Je savoure cette descente et la fais durer. 

Je tente tant bien que mal de faire ressortir le "gigantisme" de ce puits

L'emerveillement ne s'arrête pas là ! En équipant le dernier puits de 14 mètres, je remarque la présence de silex dans les parois, et de grandes tailles !

Le dernier puits nous fait arriver dans des galeries de grandes dimensions. Nous sommes surpris car nous ne nous attendions par à de tels volumes ! Les silex sont présents sur les parois et les rochers au sol et sont de plus en plus gros !

Après un rapide déjeuner d'une dizaine de minutes, nous nous préparons à partir pour traverser ce superbe réseau... seule inconnue ... je n'ai pas trouvé sur internet de description de l'itinéraire à prendre lorsqu'on est au pieds des puits de la Rochotte. Il faut rejoindre le ponts de singe que je situe, mais j'ai un doute sur la façon de s'y rendre.

Deux choix s'offrent à nous : (1) remonter la cascade et emprunter les boyaux du labyrinthe ; (2) passer par la galerie des marmites. Comme j'ai lu sur plusieurs articles internet des passages citant la cascade, je me dis que c'est par là qu'il faut passer et que la galerie des marmites ne doit pas recouper l'accès au pont de singe. Nous entamons donc l'escalade de la cascade !

Leny en cours de réflexion pour se pas se mouiller

Nous sommes plutôt déboussolés dès le départ car le niveau d'eau est haut... Nous essayons de grimper sur les parois pour nous maintenir au dessus de l'eau car si nous tombons nous serons mouillés dans des bassins profonds. Passer par là sans néoprène va être difficile.

L'eau est magnifique et nous nous arrêtons à chaque bassin pour les immortaliser. Nous arriverons tant bien que mal à progresser sans trop se mouiller en faisant les chimpanzés sur les parois. Nous remontons donc la rivière qui s'écoule d'un siphon situé un peu plus en amont. 

Un des rares passages au sec !

Tourbillon formé par l'eau au contact d'une pierre. Les couleurs sont incroyables.

L'eau du siphon est bien translucide. Et un fil d'ariane est équipé. Je souhaiterais vraiment avoir les bouteilles avec moi ! Leny ne résistera pas à l'envie d'aller se mouiller un peu pour voir le profil du début du siphon.

Nous rebroussons chemin sur quelques mètres pour trouver le départ du boyau du Labyrinthe. C'est ici que les choses se compliquent... Son nom est bien mérité ! Nous errons dans un dédalle de boyaux et de galeries pendant plus d'une heure. De plus, il y a de l'eau partout, nous forçant à nous mouiller jusqu'à l'entrejambes. Les passages mouillés s'alternent avec des boyaux boueux (définition de boyau boueux : Si le bras s'enfonce jusqu'au coude, c'est que c'est boueux !). 

Nous ressortons la topo tous les 10 mètres pour tenter de se repérer ainsi que la boussole du téléphone pour vérifier dans quel sens nous avançons. Après une heure de galère, nous voyons enfin "le bout du tunnel boyau" et nous arrivons dans une très vaste galerie ornée de concrétions ! 

Après une rapide observation des traces de pas sur le sol ... il semblerait que cette galerie démarrait de l'arrivée de la Rochotte... c'est par là qu'il fallait passer et non pas par le Labyrinthe... Le vrai accès au pont de singes se fait donc par la galerie des Marmites... tant pis ! Nous le saurons pour la prochaine fois.

Nous arrivons après une centaine de mètres au pont de singe, cable d'acier tendu au dessus d'un bassin profond afin de pouvoir traverser sans se mouiller.

Spéléo-Rétro

Une fois le câble franchit, nous arrivons dans la somptueuse galerie des Gours. Je regrette de ne pas avoir un vrai appareil photo avec moi. C'est, avec les puits de la Rochotte, le plus bel endroit de la cavité !

Plafond orné de fistuleuses

A la fin de cette galerie, nous traversons plusieurs vires au dessus des bassins profonds de la rivière. Elles nous amènent dans la galerie des Merveilles. Cette dernière sera un peu décevante et porte étrangement mal son nom. La galerie (toujours aussi spacieuse) est assez boueuse, avec plusieurs bassins peu profonds d'eau chargée. 

Nous traversons lentement cette galerie en raison de notre mauvais sens de l'orientation. Nous peinons à trouver la Chatière. Il s'agit du passage clé permettant de relier la galerie des Merveilles et la rivière de la Combe. Ce passage n'est pas évident à trouver, et il peut siphonner en cas de pluie rendant impossible la traversée. 

Nous mettons la main dessus rapidement et heureusement elle ne siphonne pas ! Le niveau y est même bas ! On peut passer sans se mouiller. 

Une fois de l'autre côté, tout est toujours aussi beau mais dans un style différent. Ici, plus de concrétions et de galeries spacieuses, mais plutôt une conduite de collecteur inter-siphons. Les parois sont très érodées, la rivière coule entre nos pieds en torrent, et le sol est composé de rochers et de galets bien nettoyés par l'eau. Nous faisons quelques photos au siphon aval de cette galerie.

L'eau est claire, et elle le serait encore davantage si Leny n'avait pas rincé son matériel quelques secondes avant !

Après un dernier coup d'oeil au siphon, nous remontons le courant jusqu'à arriver à notre corde. Elle pend depuis le sommet du puits d'accès de la Combe aux Prêtres. Victoire nous sommes presque dehors !

Leny monte en premier, et je le suis en déséquipant. Lorsqu'il atteint la surface, le parking est encore au soleil et il en profite pour se réchauffer. Je ressors 20 minutes après lui. Il est à peu près 18 heures. Nous avons mis 5h20 (1h30 équipement Rochotte + 3h50 de traversée). C'est un bon chrono sans connaître !

Après ça Leny se change, et je repars seul dans la Rochotte pour désequiper toutes les cordes. La fatigue se fait sentir (et surtout la faim !). Je profite d'une deuxième descente de tous les puits. Et je remonte en vitesse avec le kit plein à craquer. Je mettrais 1h10 à tout déséquiper. 

Au final, une traversée géniale, une cavité sublime, une bonne ambiance, et comme toujours un sens de l'orientation tellement désastreux que nous en rions !

Temps sous terre : 50 min équipement Combe ; 1h30 équipement Rochotte ; 3h50 traversée ; 1h10 déséquipement

Temps total : 7h20